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[CRITIQUE] J.C. Chandor – « A most violent year »

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[L’intégralité de l’article par ici : http://www.culturopoing.com/cinema/sorties-salles-cinema/j-c-chandor-a-most-violent-year-29122014/20141229]

Il y avait dans Margin Call, premier coup de maître du prometteur J.C. Chandor, un vertige : celui de cette tour d’argent au-dessus des nuages, où dans une salle de réunion une dizaine de couillons en cravates, dieux modernes, prenaient des décisions qui allaient impacter l’humanité de pantins qui grouille dans la rue, tout en bas.

Faisant suite à un écart conceptuel et solitaire (All is lost), A Most Violent Year en constituerait, grâce à un bond de 30 ans en arrière, son pendant horizontal : univers de docks et de préfabriqués, de New Jersey avec « vue » sur Manhattan. Une banlieue, une marge, déjà, pour un film qui fonctionnera par la bande.

[…]

C’est l’horizon caché du récit, déjà à l’œuvre dans Margin Call : chez Chandor, malheureux les simples d’esprit. Ce n’est pas que le monde n’est pas violent, simplement les héros ne survivent que parce qu’ils ne savent pas. Et leur rédemption ne dépendra que de leur capacité à maitriser ou subir cette révélation, celle de l’entropie du système. Et qui dit maitrise, dit savoir, dit information. Dans son versant systémique, le film est éblouissant.

Qu’on ne s’y trompe pas, toutefois. Bien que bavard, A Most Violent Year n’en cède pourtant en rien à la paresse d’un petit théâtre filmé. Thriller de metteur en scène d’une virtuosité étourdissante à l’instar de ses deux séquences de braquages ou de la séquence de perquisition de la maison, la méticulosité implacable de son découpage donne au récit une élégance enivrante.

Une ivresse peuplée de fantômes : du New York hivernal à la desperate housewife double et apprêtée (Jessica Chastain, toute d’Armani vêtue), du jeu très Actors-studio-je-suis-un-taiseux-hop-regard-par-en-dessous d’Oscar Isaac aux réunions dans les arrière-salles de restaurants, A Most Violent Year navigue entre les totems d’un cinéma hollywoodien 70’s ou moderne à la jointure du classicisme et du Nouvel Hollywood : si l’on pense au Parrain, à De Palma, Lumet ou Pollack, pour les pères fondateurs, ce sont ensuite les figures de clairs-obscurs de James Gray (la tristesse d’un Two Lovers), les élégants récits de ville suspendus de Michael Mann (les gangsters de Heat), ou les rythmes d’informations de Fincher (l’ouverture de Social Network, l’enquête fantomatique de Zodiac) qui perfusent le visuel du film.

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Échos et hommages : si ce patronage mythologique et mythique fonctionne à plein lorsqu’il crée une étrange mélancolie de ce monde réel et cinématographique à la dérive, elles font pourtant peser sur lui un poids sous lequel il finira par ployer.

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